Le Big data pour répondre aux besoins d'innovation liés au cancer de la prostate

Etalab  pilote la politique de partage des données publiques « open data » au sein du Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique. Plus de 20 000 jeux de données gratuits et réutilisables sont disponibles sur la plateforme gouvernementale data.gouv.fr

En 2014, La mètis, société spécialisée dans l'I.A. et le Big Data, prend pour cas d’usage le cancer de la prostate, le plus fréquent en France chez l'homme. Elle analyse la dynamique des innovations relatives à la prise en charge de cette maladie entre 1980 à 2015. Cela permet aux data scientists de calculer, via un algorithme d’analyse prédictive, la probabilité de diffusion de ces mêmes innovations entre 2015 et 2030.

Afin de rendre compréhensible cette analyse et de la partager avec le plus grand nombre, la société La mètis sollicite intactile DESIGN pour réaliser une visualisation de données dynamiques illustrant l’évolution du volume d’articles scientifiques relatifs au cancer de la prostate publiés par la bibliothèque américaine de médecine (Pubmed) entre 1980 et 2015. Elle choisit également le Laboratoire 3ie pour développer cette application. Son objectif étant d’accélérer la diffusion du progrès médical, Etalab propose de partager ce travail via la plateforme data.gouv.fr

Des ateliers de conception participative centrés usagers

Autour de la table de conception, sont réunis des profils variés : data scientists, médecins urologues, patients, représentants de l’association nationale des malades du cancer de la prostate (ANAMACAP) et les designers de notre agence, mandatés pour co-concevoir l'interface de visualisation de données et en réaliser le design graphique, en imaginant le type de représentation de données la plus pertinente possible.

Qu’ils soient patients, soignants ou administratifs, les futurs usagers ont des attentes variées face à cet outil : les patients ont besoin de parler de leur maladie ; les administratifs veulent savoir combien coûtent les traitements ; les médecins souhaitent connaître la disponibilité de ces derniers… Le designer annote, synthétise, hiérarchise les besoins exprimés et les compare aux possibles. Ces demandes viennent amender et augmenter le cahier des charges.

L’intervention d’Intactile DESIGN a ensuite porté sur la création de visualisations pertinentes pour mettre en forme ces données. Deux types de visualisations ont été proposées. La première exprime le volume de publications par année sous forme de « cellules » ; l’usager s'y déplace dans le temps à l’aide d’une timeline. La seconde présente sous forme de courbes – qui rappellent le réseau des veines et artères – l’évolution du volume de publications scientifiques année après année. C'est cette dernière proposition qui est retenue.

Des designers et des développeurs travaillant main dans la main

Intactile DESIGN a entamé par la suite une mission de suivi d’intégration avec les développeurs du Laboratoire 3ie. Ce n'est qu'à cette étape de la mission que nous avons eu accès à la base de données, nous permettant alors d'affiner le design graphique de l'interface. Les éléments graphiques et les feedbacks de certaines actions ont été ajustés en fonction des nombreux tests faits avec des usagers.

Forts de notre expérience dans la collaboration entre designers et développeurs, que nous menons au quotidien en interne notamment, nous mettons également en place, sur d’autres projets, une méthode différente. Celle-ci consiste à ne plus scinder le travail (2 équipes, 2 phases distinctes) mais à envisager tous les acteurs du projet comme une seule et même équipe pluridisciplinaire travaillant de concert. Dans cette approche du développement logiciel, le rôle du designer n’est plus seulement de livrer un cahier des charge, mais de participer à l’intégration du design – ce qui se traduit, sur un projet Web, par l’écriture des feuilles de style (css). Bien entendu, cela demande un peu plus d’organisation – mise en place d’outils communs, accès et test du code au fur et à mesure de l’avancée du développement… – mais le temps gagné en évitant les habituels allers-retours entre designer et développeur (intégration du design par le développeur, retours du designer, intégration de ces retours, retours sur l’intégration de ces retours…) est énorme. Cette méthode permet aussi une plus grande flexibilité dans l’intégration puisque le designer lui-même peut amender le graphisme en fonction des contraintes techniques survenant forcément lors d’une phase de développement.